La francophonie en Guyane française
Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux, ministre de la justice de France, donnant une conférence aux participants du Parlement francophone des jeunes des Amériques. (Crédit Jean Rodier)
Coralie Binga, enseignante de français en Guayne, lors du Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques 2016. (Crédit Productions Idéo)
Tout comme la Martinique et la Guadeloupe, la Guyane française est un département et région d’outre-mer (DROM) français, elle est donc juridiquement liée à la France et le français est sa langue officielle.
Bref historique
Habitée depuis plus de 7 000 ans par plusieurs peuples autochtones (Arawaks, Palikurs, puis Caraïbes), c’est Christophe Colomb, lors de son troisième voyage en 1498, qui est le premier Européen à en longer la côte. En 1500, l’explorateur Vincent Pinson est le premier français à s’y rendre et dès 1503 un groupe de colons s’y établit pour quelques années. En 1626, le Cardinal de Richelieu encourage la colonisation de la Guyane et la ville de Cayenne est fondée en 1643, à la suite de négociations avec le chef autochtone Cépérou. Différentes expéditions ont lieu, mais la colonisation est un échec à cause du climat tropical, des pluies diluviennes, de la famine, des épidémies et des conflits avec les Autochtones qui luttaient notamment contre les tentatives de mises en esclavage.
Impact de la colonisation sur la population autochtone
À cause des conflits et des maladies, ces premiers contacts avec les Européens eurent pour conséquences la disparition d’une partie de la population autochtone. Les peuples vivant sur le littoral ont été touchés en premier. Si on compte 10 000 Autochtones vivants sur le littoral guyanais à la fin du 16e siècle, ils ne sont plus que 1 000 un siècle plus tard. Loin des régions colonisées, la population autochtone vivant à l’intérieur des terres est à son tour touchée par la colonisation au cours du 18e siècle durant la ruée vers l’or.
Au début des années 2000, on compte plus de 9 000 autochtones en Guyane alors que la population avait baissé à 1 500 individus au début du 20e siècle. Aujourd’hui, des progrès ont été faits dans le domaine de la reconnaissance des droits des autochtones, mais certaines questions ne sont pas encore résolues, notamment celle du droit à la terre.
Un « nouveau Canada »
En 1763, le traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans et la France doit notamment céder le Canada à la Grande-Bretagne. Le duc de Choiseul, qui occupe alors les fonctions de premier ministre d’État en France, souhaite compenser cette perte de territoire par une colonisation rapide de la Guyane pour en faire un « nouveau Canada ». Comme de nombreuses familles acadiennes déportées se trouvaient en France, le duc de Choiseul lance une campagne pour soutenir son projet de colonisation et les convaincre de s’y établir. Entre 1763 et 1765, 600 Acadiens quittent donc la France pour aller coloniser la Guyane. Rapidement, 10 000 à 15 000 autres colons français s’y établissent également. En 1767, il ne reste que la moitié de la population, les colons ayant a été décimé par les épidémies et le manque d’infrastructure pour les accueillir. Parmi les Acadiens, 400 survivants transitent par la France avant de s’établir finalement en Louisiane et seulement quelques familles décidèrent de poursuivre l’aventure guyanaise.
Malgré un développement moindre qu’en Guadeloupe et en Martinique, l’esclavage a été un moteur économique important pour la Guyane. En 1848, lors de l’abolition de l’esclavage 12 000 esclaves sont affranchis et constituent la grande majorité de la population.
En 1795, vu l’inhospitalité du territoire et son éloignement avec la métropole, la France décide d’en faire une colonie pénitentiaire et y déporte les opposants à la Révolution française et aux régimes qui suivront, c’est la naissance des bagnes. Au courant du 19e siècle, les bagnards composent jusqu’à 15 % de la population en Guyane.
Depuis les années 1950, grâce à une très forte immigration et à un taux de natalité élevé, la Guyane connait une importante croissance de sa population, passant de 25 000 à près de 300 000 habitants.
Cette croissance démographique s’accompagne d’un dynamisme économique. La Guyane française est un chantier à ciel ouvert dans lequel les secteurs du bâtiment, des travaux publics, de l’énergie verte et des hautes technologies (avec l’implantation d’un vaste centre spatial) occupent une place importante.
Portrait linguistique de la Guyane
Aujourd’hui, plus de 40 langues y sont parlées, dont une vingtaine par plus de 1 % de la population. C’est également la seule région du monde où se côtoient les langues créoles à base française et à base anglaise. La cohabitation des langues européennes, autochtones créoles, et plus, confère à la Guyane une diversité linguistique unique et fascinante.
Comme le français est la langue maternelle d’environ 14 % de la population, c’est le système d’éducation qui est le principal vecteur de la francophonie en Guyane. Même si deux tiers des élèves ne parlent pas français avant leur entrée à l’école, dès l’âge de 10 ans, 93 % des élèves parlent aux moins deux langues, 41 % au moins trois langues et 11 % quatre langues ou plus ! Longtemps, l’enseignement s’est fait uniquement en français, mais depuis 2010, il est possible pour certains élèves de milieux principalement créolophones ou autochtones d’avoir accès à un enseignement bilingue.
Les communications dans l’Administration publique se déroulent généralement en français, mais les langues régionales peuvent être utilisées à la discrétion des employés et des employeurs. S’il est également spécifié, dans la Loi d’orientation pour l’outre-mer du 13 décembre 2000, que les langues régionales en usage dans les DROM font partie du patrimoine linguistique de la Nation et que ces langues bénéficient du renforcement des politiques en faveur des langues régionales afin d’en faciliter l’usage, ces principes n’ont pas encore été tout à fait transposés dans la réalité.
Cette grande diversité linguistique constitue assurément une richesse, mais contribue également aux inégalités. L’enseignement en français, qui n’est pas adapté à cette clientèle multilingue, est un frein pour le cheminement scolaire de nombreux Guyanais. La Guyane française affiche un taux de décrochage scolaire qui frôle les 40 % et cela engendre un important taux de chômage chez cette population non diplômée.
En matière d’enseignement supérieur, l’Université de Guyane, membre de l’Agence universitaire de la Francophonie, offre 31 programmes qui répondent aux enjeux socio-économiques auxquels est confrontée la Guyane : santé tropicale, biodiversité, valorisation des ressources naturelles, interculturalité, plurilinguisme, inclusion sociale.
La participation de Guyanais aux activités du Centre, notamment pour les trois programmes phares, soit le Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques, l’Université d’été sur la francophonie des Amériques et le Parlement des jeunes francophones des Amériques, témoigne de l’engagement et de l’intérêt de cette communauté envers la francophonie des Amériques.
Quelques dates en lien avec l’histoire de la francophonie en Guyane française
1500
Vincent Pinson est le premier Français à longer les côtes de la Guyane
1503
Un premier groupe de colon français s’y établit pour quelques années
1604
Le territoire est baptisé France équinoxiale
1643
La ville de Cayenne est fondée
1763
600 Acadiens déportés et 10 000 colons français débarquent en Guyane
1767
Plus de la moitié des colons n’ont pas survécu
1795
Créations des bagnes, la Guyane devient une colonne pénitentiaire
1848
Abolition définitive de l’esclavagisme
1946
La Guyane devient un département français d’outre-mer
1950
Début d’une importante croissance démographie et économique
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Contes des Amériques
Résumé du livre audio
À Mana, la famille Lesjoyeux vieillissait sans avoir d'enfant, lorsqu'arriva Babette, mais à douze ans, ses parents se noient. Babette est recueillie par ses oncle et tante. Ils la spolient...Babette devient gardienne de pourceaux, jusqu'à ce que la fée Orchidée, lui propose de devenir un Zoukougnangnan, une luciole...