La francophonie en Martinique
PFJA-2018 - Daniella-Letal
Aperçu de la francophonie en Martinique
Département et région d’outre-mer (DROM) français, la Martinique est juridiquement liée à la France et le français est sa langue officielle. Même si plus de 90 % des Martiniquais ont le créole comme langue maternelle, près de 95 % de la population maitrise le français puisque l’éducation primaire et secondaire se fait uniquement dans cette langue. C’est donc le système d’éducation qui est le vecteur de la francophonie en Martinique. Environ 375 000 Martiniquais sont considérés comme locuteurs de français.
Loi oblige, les communications dans l’Administration publique se déroulent généralement en français, mais le créole est largement utilisé à l’oral. Le cadre juridique français prévoit toutefois certaines adaptations concernant les activités éducatives et culturelles relatives à la connaissance de langues et cultures régionales. Il est également spécifié, dans la Loi d'orientation pour l'outre-mer du 13 décembre 2000, que les langues régionales en usage dans les DROM font partie du patrimoine linguistique de la Nation. Elles bénéficient donc du renforcement des politiques en faveur des langues régionales afin d'en faciliter l'usage.
Malgré ces bonnes intentions de mise en valeur de l’héritage créolophone, la tendance monolinguistique historique de la France ne favorise pas la pratique du créole. Au sein des générations récentes, un léger recul du créole s’opère au profit du français. Comme en Guadeloupe, la proportion de parents martiniquais qui utilisent uniquement le français pour communiquer avec leurs voisins est plus élevée chez les jeunes que chez les générations plus âgées. Pour la génération récente, unilingue créolophone durant l’enfance puis apprenant le français durant la scolarisation, le bilinguisme semble être une étape de transition vers un univers francophone. Si un rapprochement entre l’école et le créole s’opère, celui-ci ne se fait pas sans défi. Le créole est enseigné comme langue « étrangère », en compétition avec l’anglais ou l’espagnol. Face à ce choix, les parents ont tendance à pencher vers l’apprentissage de l’anglais; moins de 5 % des élèves suivent donc des cours de créole à l’école.
La pratique du créole a une forte valeur identitaire, mais est également perçue comme une ouverture pour les échanges avec la Caraïbe créolophone et en particulier, les îles voisines, qui demeurent liées par de nombreux facteurs historiques, démographiques, culturels, économiques et sociaux.
En matière d’enseignement supérieur, l’Université des Antilles, formée de deux pôles autonomes, l’un en Martinique l’autre en Guadeloupe, est le seul établissement de l’archipel des Antilles qui est membre de l’Agence universitaire de la Francophonie.
La participation de Martiniquais aux activités du Centre, notamment pour les trois programmes phares, Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques, Université d’été sur la francophonie des Amériques et Parlement des jeunes francophones des Amériques, témoigne de l’engagement et de l’intérêt de cette communauté envers la francophonie des Amériques.
Sources: Baptiste Beck (2017), Stéphanie Condon (2004), Jacques Leclerc (2019), Joubert Satyre (2009), Étienne Rivard (2016).
Quelques dates en lien avec l’histoire de la francophonie en Martinique
1635
Le flibustier français Pierre Belain d’Esnambuc prend possession de la Martinique et la Compagnie des îles d’Amériques y débute ses opérations; une cohabitation parfois sanglante avec les autochtones s’ensuit
1674
La Martinique devient une colonie française, propriété de Louis XIV
1685
Le Code noir encadre les pratiques de l’esclavagisme
1794-1802
Conquête de la Martinique par les Anglais, qui maintiennent l’esclavage, contrairement au gouvernement révolutionnaire français qui l’abolit en Guadeloupe
1848
Abolition définitive de l’esclavagisme
1946
La Martinique devient un département français d’outre-mer