Formation journalistes de la relève
À propos de Wilfried N'da du Nouveau-Brunswick
Présenté par Annie Maheux
Une francophonie tri-continentale : portrait de Wilfried N’da
J’ai eu la chance de rencontrer Wilfried N’da par une journée caniculaire transcanadienne. L’Acadien d’adoption a choisi, il y a trois ans, la ville néo-brunswickoise de Moncton comme port d’arrimage à son aventure canadienne. En effet, N’da, d’origine ivoirienne et passionné de journalisme, y a débuté ses études universitaires dans le programme Information et Communications à l’Université de Moncton. Grand et élancé, il s’exprime dans un français juste et posé. L’entrevue s’est déroulée virtuellement et à distance, étant donné les restrictions pandémiques.
Je l’ai d’ailleurs interrogé au sujet de ces restrictions, qui ont grandement affecté le cours de ses études. N’da m’a assuré que ses professeurs, dont la plupart ont ou ont eu une carrière en journalisme, ont su s’adapter rapidement et de manière créative au changement de mode de diffusion des cours. N’da lui-même est très habile avec les technologies et c’est justement ce qui a fait bourgeonner son intérêt pour le journalisme. Disposant d’une connexion Internet à la maison depuis l’adolescence, alors qu’une grande partie de la population ivoirienne n’y a qu’un accès limité, il a partagé ses ressources et l’information qu’il y puisait au bénéfice de son entourage et ses amis. Il était celui que l’on contactait pour trouver des réponses sur une grande variété de sujets. Bien des années plus tard, ces aptitudes ont trouvé un terreau fertile pour grandir et servir l’intérêt public. Son père l’a d’ailleurs encouragé à venir au Canada plutôt qu’en France afin de diversifier ses connaissances. Ayant toujours suivi un parcours académique francophone depuis son jeune âge, la transition fut simplifiée par la langue commune des institutions scolaires. Cependant, c’est la vie hors des murs de l’école qui l’a le plus désarçonnée.
D’un point de vue politique, N’da se dit surpris de la situation, selon lui, majoritairement unilingue, de la province dite bilingue. Dans les faits, il communique majoritairement anglais à l’extérieur de ses cours et dans la vie de tous les jours. Élevé par un père parlant le dialecte hagni et d’une mère s’exprimant en bùtì dans un pays, la Côte d’Ivoire, comportant plus de 50 langues locales différentes, N’da n’est pas étranger à un paysage multilingue en pleine effervescence. Quelle n’était pas sa surprise et sa déception de découvrir l’usage restreint de la seconde langue officielle dans sa province. Selon lui, un affichage bilingue plus strict dans les lieux publics et une emphase sur une éducation entièrement francophone au Nouveau-Brunswick pourraient être des pistes de solutions à ce problème linguistique. Fait intéressant: le français qu’il a appris à l’école et qui alimente les chaînes d’information d’Abidjan, la métropole ivorienne où il habitait, provient en grande partie de la France et de l’Europe. C’est donc un métissage culturel francophone tri-continental qui l’habite actuellement. Il faut dire que N’da s’est justement pris d’affection pour le chiac, une variété régionale du français acadien, aux intonations uniques. Il espère pouvoir apprendre à s’exprimer en chiac avant de retourner vivre en Côte d’Ivoire.