Formation journalistes de la relève
À propos de Caleb Perreaux de l'Alberta
Présenté par Coline Tisserand
Donner la voix à une communauté « vibrante »
Né à Saskatoon en Saskatchewan d’une mère franco-albertaine et d’un père fransaskois, Caleb Perreaux se définit sans hésiter comme Franco-Albertain, ayant vécu la majorité de sa vie à Edmonton en Alberta. Depuis six mois, le jeune homme évolue dans le monde de la radio à travers son stage à Radio Cité.
« Après avoir terminé mes études secondaires en 2019, j’ai réalisé que je suis vraiment passionné par les histoires et les personnes. J’aime les partager, et c’est cela qui m’a fait réaliser que je voulais aller en journalisme et en communication », raconte Caleb Perreaux, qui, à 20 ans, est le plus jeune participant de la formation Journalistes de la relève.
« Garder la culture vibrante »
C’est donc avec la radio que le Franco-Albertain a décidé de faire ses premiers pas dans le domaine. L’Alberta compte en effet quelques radios communautaires francophones, notamment Radio Cité, qui diffuse dans la région du Grand Edmonton. « Le mandat de la radio, c’est de donner la chance aux Edmontoniens, aux francophones, d’entendre la musique francophone d’ici et du reste du Canada. […]. L’idée est de garder la culture vibrante et essayer de donner un son à cela », explique Caleb qui a commencé son stage en janvier dernier.
Radio Cité se veut donc être la voix, et le son, de la communauté francophone de la région. « Tu viens à Edmonton, tu viens visiter le monde, puis c'est clair, c'est une communauté vocale, très vibrante et animée. La radio veut donner un son à cela. »
Passionné de sport – « tous ceux qui me connaissent ici le savent très bien » plaisante-t-il –, le jeune homme a commencé à animer une émission dédiée au sport sur les ondes en mai dernier. « Vraiment, une partie de moi que j'ai découverte avec la radio, c’est que j'aime beaucoup parler avec du monde », souligne-t-il.
Les bureaux de la station se trouvent dans la Cité Francophone, centre culturel et communautaire au cœur de Bonnie Doon, le quartier francophone d’Edmonton. Un quartier où Caleb, enfant, a passé beaucoup de temps, puisque ses parents y travaillaient et certains de ses amis y résidaient. « Tu tournes au coin de la Cité et il y a l’école secondaire francophone où j’ai fait ma scolarité. De l’autre bord, il y a le Campus Saint-Jean », indique-t-il.
Prise de conscience
Entouré de francophones pendant toute sa jeunesse, c’est à l’adolescence que le Franco-Albertain réalise leur situation minoritaire dans sa province. « J'ai grandi complètement en français, mes parents étaient francophones, je suis allé à l’école francophone. C’est étrange dit comme cela, mais en grandissant, toute ma communauté était francophone, donc je n’ai pas compris la réalité jusqu'à temps d’être en 1er cycle au secondaire. […] Je savais qu'on était une minorité, mais pas à ce point-là », se souvient-il.
Une prise de conscience qui s’accompagne également d’une certaine insécurité linguistique, face notamment aux élèves québécois de sa classe. « Ils avaient toujours les prix de ‘meilleur français de la classe’. Dès le jeune âge, tu te fais dire que c’est l’accent québécois qui est ‘du bon français’ », témoigne Caleb Perreaux.
Des défis en situation minoritaire
Si la plupart de sa vie professionnelle et familiale se passe encore en français aujourd’hui, Caleb vit aussi en anglais puisque sa partenaire et certains de ses amis sont anglophones. Selon lui, être francophone ne veut pas pour autant dire qu’il faille s’isoler du reste de la communauté majoritaire. Par exemple, il n’hésite pas à se rendre aux nombreux festivals - qu’ils soient francophones ou anglophones - de la ville pendant l’été. « Aller aux festivals anglophones, ça ne veut pas dire qu'on arrête de vivre en français ! »
Cependant, il reste bien conscient des défis pour la minorité franco-albertaine. L’accès à l’éducation en français est un enjeu qui lui tient particulièrement à cœur. Impossible pour lui de se former au journalisme et en communication en français: le programme n’existe pas au Campus Saint-Jean de l’Université d’Alberta. « Les gens comme moi sont alors obligés d’aller au Québec, ou d’étudier en anglais. Il n’y a pas assez de ressources dans la communauté franco-albertaine pour garder le monde ici. »
Les récentes coupures et compressions budgétaires au Campus Saint-Jean l’inquiètent particulièrement. « Le Campus est en train de passer des temps tgrès difficiles. Je connais beaucoup de monde de ma communauté qui est passé par ce campus. […]. C’est une problématique qui me tient très à cœur. » Par son travail à Radio Cité ainsi qu’à sa participation à la formation journalistes de la relève et au Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes, Caleb Perreaux compte bien donner une voix à tous ceux de sa communauté qui sont concernés par cet enjeu.