La francophonie en Uruguay
PFJA 2018
PFJA 2018 - Juan Ignacio, participant de l'Uruguay
Aperçu de la francophonie en Uruguay
Premier pays d'Amérique du Sud à adhérer à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en tant que membre observateur, l'Uruguay a une riche histoire francophone et francophile. Et si la francophonie a connu un déclin au tournant du 20e siècle, elle est aujourd’hui à nouveau vivante et dynamique.
Si des explorateurs français visitent l’Uruguay aux 17e et 18e siècles et que certains commerçants venus de France s’y établissent à cette époque, c’est véritablement l’importante vague d’immigration française, aux environs de 1825 à 1880, qui joua un rôle majeur pour la présence francophone en Uruguay.
Avant l’arrivée de ces immigrants français, la langue française connaissait déjà un engouement auprès des élites locales. D’abord, il y eu la mode des afrancesado (« francophiles »), qui sous Charles III d’Espagne caractérise un mode de vie « à la française », qui sera imité par les élites et la bourgeoisie en se propageant dans le monde latin. Plus tard, comme ailleurs en Amérique du Sud et en Amérique centrale, les idées des Lumières et de la Révolution française contribuent aux mouvements d’indépendance qui apparaissent au début du 19e siècle. Les élites uruguayennes sont donc déjà conquises par la francophilie.
Selon qu’ils s’établissent en région urbaine ou rurale, les immigrants français ont tendance à avoir deux comportements différents. Ceux qui s’établissent dans les régions rurales et isolées tendent à s’intégrer et à adopter l’espagnol, tandis que ceux qui s’implantent en ville tendent à conserver leur culture et leur langue française. À Montevideo, au milieu du 19e siècle, il est presque aussi courant d’entendre parler le français que l’espagnol. Cette volonté de conserver leur langue mène à la création d’écoles francophones qui sont bien accueillies par les élites francophiles qui cherchent à se distinguer en embrassant la culture française. De plus, comme le système d’éducation nationale était à ses premiers balbutiements, et que pour plusieurs Uruguayens, fraîchement indépendants de l’Espagne, il n’était pas envisageable de fréquenter les collèges privés espagnols, plusieurs ont donc choisi les écoles françaises. C’est ainsi que l’enseignement du français apparait en Uruguay et que les établissements scolaires français occuperont une place conséquente à partir des premières décennies de l’histoire de l’Uruguay.
C’est dans ce contexte qu’a été fondée, en 1882, la Société française d’enseignement, dont l’objectif est de diffuser la langue française en Uruguay. En 1897, cette société donnera naissance au Collège Carnot qui, en 1922, deviendra le Lycée français de Montevideo (aujourd’hui Lycée français Jules-Supervielle). Il s’agit du premier Lycée français hors des anciennes colonies. Jusqu’aux années 1980, plusieurs générations d’Uruguayens francophones sont scolarisées dans cet établissement. À la fin des années 1990, le Lycée français connait un déclin, notamment dû à la décision ministérielle d’enseigner une seule langue étrangère, l’anglais, et à la crise financière du début des années 2000. Aujourd’hui, le Lycée français Jules-Supervielle connait un nouvel essor et accueille près de 1000 élèves.
En 2018, l’Administración Nacional de Educación Pública (ANEP), ainsi que les ambassades de Belgique, du Canada, de France et de Suisse, ont signé la convention pour le plan pilote d’introduction du français dans l’enseignement primaire en Uruguay. Cette signature témoigne du renouveau de la francophonie en Uruguay, et permet pour les années 2018 et 2019 à dix écoles publiques uruguayennes de participer à ce projet pilote. Ce plan sera notamment coordonné par l’Association Nationale des Professeurs de Français en Uruguay (ANAPFU).
Comme ailleurs en Amérique du Sud, le réseau des Alliances françaises est bien implanté en Uruguay. Crée en 1924, il compte aujourd’hui sept alliances. En plus de dispenser des cours de français, les Alliances françaises de l’Uruguay proposent un agenda culturel qui inclut des projections cinématographiques, des concerts, des expositions, des conférences cérémonies, des événements gastronomiques, et plus. Avec différents partenaires, dont les ambassades de Belgique, du Canada, de France et de Suisse, l’Alliance française de l’Uruguay célèbre la Semaine de la francophonie avec diverses activités en mars.
Sources: Samantha Chareille (2003), Jacques Leclerc (2019), Étienne Rivard (2016), Haydée Silva (2011).
Quelques dates en lien avec l’histoire de la francophonie en Uruguay
1825 - 1880 (env.)
Vague d’immigration française
1882
Fondation de la Société française d’enseignement
1922
Le Collège Carnot devient le Lycée français de Montevideo, il s’agit du premier Lycée français hors des anciennes colonies
1924
Fondation de l’Alliance française
2018
Signature du plan pour l’introduction du français dans l’enseignement primaire en Uruguay